
~ Laure Avilès ~

Les différents psys
Parce qu'il n'est pas toujours facile
de s'y retrouver dans l'univers des "psys" :
une petite mise au point...
Les psychiatres
Les psychiatres sont des médecins qui se sont spécialisés en psychiatrie, pendant 4 ans après les 6 ans de tronc commun à toutes les spécialités médicales et chirurgicales. Les 8 stages de spécialisation de 6 mois sont essentiellement hospitaliers. Les psychiatres sont des spécialistes de la pathologie mentale. Ils prescrivent des traitements médicamenteux, et peuvent décider d'une hospitalisation.
Les psychothérapeutes
L’usage du titre de psychothérapeute est réglementé depuis 2010 Peuvent y prétendre : -les psychiatres, sans formation complémentaire -les psychologues cliniciens, sans formation complémentaire -les médecins non psychiatres, psychologues non cliniciens, psychanalystes : après une formation complémentaire en psychopathologie délivrée par un organisme agréé par l’ARS et un stage dans un établissement sanitaire, médico-social ou social, en dehors du lieu de travail habituel.
Les psychologues
Les psychologues sont titulaires d’un master en psychologie (formation universitaire de 5 ans) Les 3 ans de licence sont un tronc commun. Ensuite il existe près de 200 masters correspondant à différents parcours : psychologie de l’enfance et de l’adolescence, psychologie de la santé, neuropsychologie, psychologie sociale, psychologie du travail… On distingue les psychologues cliniciens et non cliniciens.
Les praticiens en psychothérapie
ou psychopraticiens
Titre non protégé Toute personne estimant qu’elle est en mesure de pratiquer la psychothérapie peut utiliser ce titre, sans avoir à justifier de ses diplômes et formations. Certains organismes de formation sont très sérieux, et forment des praticiens très compétents, d’autres moins.
Les psychanalystes
Le titre de psychanalyste n’est pas obtenu par une formation académique officielle. La discipline a été fondée en 1922 par Sigmund Freud, et elle vise à écouter et analyser le patient, son histoire personnelle, ses rêves, ses émotions, en s'efforçant de ne pas l'influencer. L'inconscient est perçu comme le siège des pulsions refoulées et des traumatismes.
Et moi dans tout ça ?!
Je suis médecin psychopraticien, et je pratique la psychothérapie, en utilisant le modèle des thérapies brèves. En effet, bien que médecin, je ne suis pas psychiatre, et les organismes auprès desquels je me suis formée ne sont pas agréés par l'ARS pour délivrer le titre de psychothérapeute. Je suis formée par les organismes suivants : ~Institut Cassiopée, ~Institut LACT, en partenariat avec l’Université Paris8, ~Institut UTHYL Je laisse à chacun le loisir de vérifier le sérieux et la qualité des formations de ces orgamismes.
Il est intéressant et paradoxal de constater que le titre de psychothérapeute est soumis à la connaissance de la psychopathologie (permettant de poser des diagnostics),
plutôt que sur la formation à la communication et à la connaissance d’outils pratiques (permettant de faire advenir les changements nécessaires à l’amélioration des patients).
~ Un psychiatre, spécialiste de la pathologie mentale, formé principalement au cours de son cursus médical hospitalier à l’usage des thérapeutiques médicamenteuses, est pourtant psychothérapeute “de fait”.
~ Un psychologue clinicien également, alors que sa formation universitaire et académique l’a surtout préparé au diagnostic psychopathologique, à la passation de tests et de scores.
Ainsi, leur cursus de base ne forme pas ces professionnels à la pratique et à la maîtrise des outils psychothérapeutiques indispensables à la pratique de la psychothérapie (certains font le choix de se former secondairement à l’écoute active, à la communication et/ou à différents modèles, mais ce n’est pas systématique).
Chacun en tirera ses propres conclusions.
Le paradoxe...

Les grandes familles de psychothérapies
Les thérapies d'inspiration analytique et la psychanalyse :
Il existe aujourd'hui de très nombreux courants psychanalytiques, se réclamant de Freud, Jung, Mélanie Klein, Winnicott ou Lacan. Ces courants se sont différenciés les uns des autres, tant par leurs théoriciens que par leurs modalités pratiques.
Leur travail thérapeutique a toutefois pour règles communes de s'intéresser aux processus inconscients, aux conflits issus de l'enfance et de donner un rôle central à la parole, au transfert et à l'interprétation.

L’hypnose et les thérapies brèves :
C'est le modèle que j'utilise.
Ce sont des approches pragmatiques, qui se sont attaché à déterminer "ce qui marche" plutôt que de s'intéresser à la théorie de "ce qui est vrai" ou "ce qui est juste".
Après Erickson et Bateson qui ont révolutionné le monde des thérapies chacun dans leur domaine, de nombreuses branches et sous branches ont émergé, mais qui sont miscibles entre elles car elles ont ces racines communes.
On peut citer :
les TOS (thérapies orientées solution)
le modèle narratif
le modèle stratégique
la thérapie provocative
la thérapie paradoxale
la systémie
la systémie familiale
(liste non exhaustive)
Les thérapies cognitivo-comportementales (TCC) :
Ce sont des approches qui aident les personnes à résoudre des problèmes. Ces thérapies visent moins à transformer l'ensemble de la personnalité qu'à éliminer les symptômes pathologiques. Elles agissent par déconditionnement et restructuration cognitive.
Les TCC ont connu trois générations successives :
~ une première vague comportementale (1950-1980),
~une deuxième vague qui correspond à la révolution cognitive (1980-1990),
~ enfin la vague « émotionnelle » des années 1990 à nos jours, caractérisée par l'acceptation plutôt que l'évitement des pensées pénibles, et qui s'inspire aussi de techniques de méditation (thérapies ACT, d'acceptation et d'engagement)

D'autres approches encore...
Les thérapies psychocorporelles et émotionnelles
Bioénergie, analyse primale, psychodrame émotionnel, etc. Elles sont des dérivés de la psychanalyse et se sont développées à partir des travaux de William Reich sur les défenses corporelles. Elles reprennent l'essentiel de la démarche psychanalytique, mais en portant une attention particulière au langage du corps, à l'expression des émotions et aux symptômes de blocage musculaires et respiratoires.
La psychologie positive
Dans la lignée de la psychologie humaniste, la psychologie positive s'attache à explorer les caractéristiques positives de l'être humain (potentiel, aspirations, ressources), mais dans une approche qui se veut à l'instar de la psychologie tradiationnelle qui révèle ses vulnérabilités, ses faiblesses, ses pathologies. Elle se distingue cependant de l’approche humaniste par une recherche plus formelles de preuves scientifiques.
Les thérapies familiales
Elles renvoient à des inspirations théoriques diverses, psychanalytiques, cognitivo-comportementales ou systémiques et reposent sur le repérage des influences de chaque membre de la famille sur l'autre et sur l'ensemble du groupe familial. L'action du thérapeute ne porte donc pas sur le sujet isolé mais sur les dysfonctionnements de son système familial.
Les thérapies de la communication
Analyse transactionnelle, Gestalt-thérapie, thérapies systémiques, etc... Elles cherchent à agir essentiellement sur la façon dont nous entrons en relation avec les autres, sur les difficultés de communication et sur les jeux pathologiques qui entravent nos interactions avec autrui.
L'approche centrée sur le personne
(ACP)
Ces thérapies, dont le chef de file est Carl Rogers, reposent sur un postulat on ne peut plus optimiste : chacun détient en soi les clés de son bien-être. L'ACP se fonde sur trois conditions pour que chacun puisse accéder à la connaissance de soi : le patient est celui qui est le plus à même de savoir quel est le chemin à emprunter ; l'empathie du thérapeute permet de saisir le vécu émotionnel du patient et de lui transmettre cette compréhension comme un miroir ; la thérapie est une rencontre entre deux êtres, différents mais égaux.
Les thérapies de couple
Les consultations conjugales voient le jour aux États-Unis dans les années 1930 et sont à l'origine destinées aux jeunes mariés connaissant des difficultés liées à la fécondité. On distingue plusieurs sous-types de thérapies de couple : celles où la psychanalyse sert de référentiel, celles issues des prises en charge familiales systémiques, où il s'agit de réfléchir sur les interactions dans le « système couple », et celles calquées sur le modèle des co-thérapies de Williams Masters et Virginia Johnson, où prime le décryptage des difficultés liées à un symptôme sexuel.
Les thérapies humanistes
Pour ces approches, une source essentielle des troubles psychologiques repose sur le manque de sens que l'on donne à son existence. Plutôt que de chercher à analyser le passé, elles visent à éclairer le présent et l'avenir, en mettant notamment l'accent sur les aspirations de l'individu et son engagement (logothérapie de Viktor Frankl, thérapie existentielle d'Irvin Yalom, thérapie centrée sur le sens de Paul Wong, groupes de parole de David Spiegel).
Les thérapies de soutien et d'accompagnement
Elles se développent à partir des années 1980 en milieu institutionnel, mais aussi associatif, pour permettre à des personnes confrontées à l'annonce d'une maladie grave ou du deuil d'un proche, de bénéficier d'un travail spécifique d'écoute et d'accompagnement. Il s'agit moins d'analyser les conflits inconscients que de pouvoir s'adapter au mieux à une réalité présente, si angoissante soit-elle.
Les thérapies de groupe
Les groupes thérapeutiques ont connu un essor considérable à partir des années 1960, notamment par l'intermédiaire de théoriciens comme Wilfried Bion, Didier Anzieu et René Kaës. On distingue les thérapies « de » groupe, qui mettent l'accent exclusif sur les phénomènes collectifs, dynamiques et inconscients, des thérapies « en » groupe, continuation dans un cadre groupal des thérapies individuelles. Le groupe permet à certains patients qui ont des difficultés d'élaboration dans un cadre individuel ou manquent de repères pour se situer et évaluer la gravité de leurs troubles, de trouver, par le groupe, un cadre suffisamment contenant et étayant pour tenter de ne plus vivre ses symptômes dans l'isolement, la peur, la culpabilité ou la honte.

Liste non exhaustive...
Source : Cairn.info

Facteurs de réussite d'une psychothérapie
Source : "Alliance thérapeutique et thérapie brèves : Le modèle de Bruges"
Luc Isebaert
Avec Marie-Christine Cabié
et Hélène Dellucci
Postface de Barry L. Duncan, thérapeute formateur et chercheur

Source :
"Alliance thérapeutique et thérapie brèves,
Le modèle de Bruges"
L.Isebaert, MC.Cabié, H.Dellucci
adapté de BL.Duncan, "On becoming a better therapist"
Les plus observateurs auront noté que dans les facteurs thérapeutiques, la somme des pourcentages ne fait pas 100% : cela s'explique par la méthode qui consiste à comparer chaque facteur au facteur modèle/technique, pour avoir une vision de l'impact relatif ; du fait des chevauchements entre les différents facteurs, l'addition des pourcentage n'égale donc pas 100%, et ces chiffres ne sont bien sûr pas des vérités ultimes.


Le cercle de gauche permet de comprendre au premier coup d'œil l'influence disproportionnée de ce que le patient apporte à la thérapie (en rouge), par rapport à ce qui est attribuable à la psychothérapie en elle-même...
Ces aspects extra-thérapeutiques sont constitués des forces du patient, de ses efforts, de sa motivation, de sa souffrance, de son soutien relationnel, du changement lui-même, et même d'événements fortuits.
On peut donc affirmer que le patient est le moteur du changement.
Cela rend humble quand à la méthode choisie ou au modèle appliqué !
Au sein des 13 pour cent des facteurs qui restent imputables à la psychothérapie, on distingue :
- L'effet thérapeute : cela correspond aux facteurs liés à la personne du thérapeute lui-même.
Nous savons avec certitude que certains thérapeutes sont meilleurs que d'autres, mais peu de recherches ont été faites sur ce qui distingue les meilleurs thérapeutes des autres.
Il a été démontré cependant que les thérapeutes inefficaces sont centrés sur les problèmes des patients et négligent leurs forces. Les thérapeutes efficaces sont centrés sur les forces de leurs patients, et activent très rapidement leurs ressources pour résoudre leurs problèmes.
- L'alliance : elle peut être définie comme "un partenariat interpersonnel entre patient et thérapeute pour atteindre les objectifs du patient" ; elle inclut le lien relationnel entre le thérapeute et le patient, ainsi que leur accord sur les objectifs et la tâche de la thérapie.
L'alliance se gagne, elle n'est jamais acquise, elle nait de l'engagement du thérapeute avec chaque personne, dans chaque interaction, et à chaque séance.
- Le modèle / la technique appliquée ne comptent que pour 8%...
La plupart des méthodes et tactiques thérapeutiques partagent la qualité commune de préparer les patients à entre prendre une action pour s'aider eux-mêmes.
Par contre :
- Les facteurs d'allégeance (la croyance du thérapeute dans l'efficacité du traitement proposé) et l'effet placebo (terme malheureusement connoté assez négativement, qui représente l'espoir placé par le patient dans la réussite de la thérapie), sont beaucoup plus puissants (autour de 30%, et probablement sous-estimés), et représentent les effets généraux liés à la mise en œuvre d'un traitement (quel qu'il soit).
En effet, le modèle et la technique offrent une structure et un focus au thérapeute et au patient pour naviguer sur les eaux du changement : les thérapeutes attendent de leurs patients qu'ils fassent, observent, ressentent, choisissent (...) quelque chose de différent ; le patient, accompagné par le thérapeute, se met en mouvement vers le changement dans ce cadre sécurisant, auquel il adhère et se réfère.
Aussi longtemps qu'un traitement fait sens, qu'il est accepté, et stimule l'engagement actif du patient, le type d'approche utilisée a peu d'importance finalement...
- L'effet feed-back : le fait de demander un retour au patient sur son évaluation de chaque séance et des résultats obtenus recoupe tous les autres facteurs sur le schéma ; c'est le lien qui les relie.
Demander un feed-back systématique est un processus vivant et continu qui engage les patients dans le contrôle collaboratif des résultats, qui augmente l'espoir d'amélioration, qui s'adapte aux préférences des patients, qui maximalise l'adaptation du thérapeute aux patients et la participation de ceux-ci, et qui est en lui-même un élément central du changement thérapeutique.
Dans un processus interpersonnel transparent, l'aide des patients est sollicitée pour assurer un résultat positif.