~ Laure Avilès ~
Mes outils :
Les thérapies brèves
Les thérapies brèves, c'est quoi, concrètement ?
Les “thérapies brèves” sont nées dans la 2e moitié du 20e siècle, et sont issues d’un désir pragmatique de faire avancer les thérapies sans passer par le dispositif long, lourd et coûteux d’une cure psychanalytique. La brièveté relative de ces approches (une dizaine de séances) n’est pas un pré-requis : c’est une conséquence de l’efficience du modèle. Pour arriver à de tels résultats en un temps aussi limité, cela nécessite l’entière collaboration du patient et son implication active dans sa thérapie. Le questionnement change de cible : on ne se demande plus "quelle est l’origine du problème?", ou "qu'est-ce qui est vrai?", ou "qu'est-ce qui est juste?", mais plutôt "qu'est-ce qui marche?", “comment faire pour que ça fonctionne, pour que ça aille mieux à partir de maintenant?”, “comment faire pour produire le changement dont les gens ont besoin, de la façon la plus efficace, la plus brève et la plus durable possible”. Pour cela, le thérapeute propose des "tâches" au patient, ainsi la thérapie se poursuit entre les séances.
Les thérapies brèves auxquelles je suis formée
L'approche systémique
et stratégique
(Modèles de Palo Alto et d'Arezzo)
chefs de file : Bateson, Watzlawick, Nardone … pour résoudre les problèmes déjà installés, qui se maintiennent en grande partie (et de façon paradoxale) à cause des solutions qu’on essaye d’y apporter. (“le problème, c’est la solution”)
L'approche
orientée solutions
(Modèles de Milwaukee et Bruges)
chefs de file : De Shazer, Isebaert, Cabié … pour faire émerger les ressources qui nous permettent de nous diriger vers un avenir désiré (“la solution n’est pas dans le problème”)
L'approche
ericksonnienne
(Modèle de l'hypnose ericksonnienne)
chef de file : M.Erickson … pour utiliser l’inconscient comme une porte d’entrée vers nos ressources, nos valeurs, nos motivations, nos capacités d’apprentissage; le changement s’inscrit dans le corps et les relations, à travers la communication et l’imaginaire. (“Le problème nous empêche d’accéder à nos ressources, et l’attaquer de façon consciente et frontale contribue à le renforcer”)
Les points communs de ces différentes approches
Elles sont participatives
L’engagement du patient dans sa thérapie est indispensable : le changement viendra de lui. Pour cela, le thérapeute propose des “tâches” à expérimenter entre les séances, ainsi la thérapie continue entre les séances, et le patient participe activement au processus de changement.
Elles sont "non normatives"
Le problème ne s’entend pas comme “un écart à la norme”, norme (définie par qui et pour qui?) vers laquelle il faudrait tendre pour aller bien. Chaque situation est unique et singulière, il s’agit de trouver un nouvel équilibre qui sera propre à chacun, et non calqué sur une généralité de “ce qui devrait être”, “ce qui est juste”, “ce qui est normal”. Ceci exclut toute velléité de jugement ou d’interprétation... et n'est-ce pas là justement la base du respect de l'autre dans sa singularité ?
Elles sont relationnelles
On ne considère jamais un individu isolé, mais on s’intéresse à un individu dans son contexte, dans son environnement, avec ses interactions actuelles. On prend en compte que quand quelque chose change chez ce patient, cela se répercute automatiquement sur tout son système relationnel : la thérapie doit être écologique (respectueuse) pour le patient “dans son écosystème” , pour être acceptée et efficace de façon pérenne.
Elles sont pragmatiques
Il ne s’agit pas de manipuler des concepts théoriques pour expliquer intellectuellement une situation problématique : on s’intéresse au concret de ce que vit le patient dans son quotidien, comment s’exprime son problème au jour le jour, et comment concrètement le changement va se manifester dans sa vie quotidienne.
Elles sont "non pathologisantes"
Il ne s’agit pas de poser des diagnostics psychopathologiques, qui enferment les patients dans des cases, mais d’envisager les situations sous un angle interactionnel, comme la résultante d’une logique paradoxale, qui au lieu d’améliorer les choses comme on s’y attendrait, ne fait que les maintenir et les aggraver.
Elles sont axées sur les ressources
On ne cherche pas seulement à résoudre des problèmes : on cherche à changer un mode de fonctionnement, pour accéder à des ressources et des compétences qui sont encore inaccessibles pour le moment. Ce qui compte, ce n’est pas tant le problème, et surtout pas son origine. Ce qui compte, c’est ce sur quoi on peut s’appuyer, quelles sont les ressources et les compétences que l’on peut mobiliser, dans le but d’avancer vers un objectif souhaité, vers un avenir désiré.
Elles sont actuelles
Il est communément admis que nous sommes en partie le produit de notre passé, mais la compréhension de l’origine et des causes de la souffrance, bien qu’intellectuellement satisfaisante et parfois pertinente, n’est jamais suffisante pour résoudre et dépasser le problème dans sa manifestation actuelle. La démarche thérapeutique se concentre donc sur “l’ici et maintenant” du problème, c'est-à-dire la manière dont il est insidieusement maintenu dans le présent par les interactions actuelles du patient avec son entourage (et avec lui-même). Et comment reconnecter le patient aujourd'hui avec les ressources dont il dispose (même si souvent il l'ignore encore).
Elles incluent le corps
En thérapie brève, on s’intéresse au langage corporel et aux ressentis corporels : quand on a des émotions, c’est souvent dans le corps qu’on en ressent des choses. Quand on comprend quelque chose, quand on dit quelque chose, quand on pense quelque chose, notre corps s’exprime, notre corps ressent, notre corps participe : on prend en compte ce langage corporel, non verbal et paraverbal, et le changement s’inscrit dans le corps également, ce qu'il est nécessaire de vérifier ("et là, ça fait comment dans le corps?")